La journaliste britannique Clare Rewcastle Brown, à Kuala Lumpur, le 20 mai 2018. MOHD RASFAN / AFP Si elle pensait pouvoir faire appel de sa condamnation, en Malaisie, à deux ans de prison, la journaliste britannique Clare Rewcastle Brown vient de voir cet espoir douché. La cour d’Etat de Terengganu l’a en effet prévenue que, pour ce faire, elle devrait se rendre dans le pays. « Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de me rendre en Malaisie pour me faire arrêter dès mon arrivée… », a déclaré la journaliste, dont la peine, prononcée en février, est assortie d’une amende de 420 000 ringgits (82 000 euros) pour diffamation. Lire aussi (2019) | Article réservé à nos abonnés Comment la journaliste Clare Rewcastle Brown a révélé le « Watergate malaisien » Ajouter à vos sélections Née au Sarawak, un Etat de Malaisie orientale, mais résidant actuellement à Londres, Clare Rewcastle Brown est rédactrice en chef du Sarawak Report, une lettre d’information politique en ligne qu’elle a lancée en 2009. Elle milite depuis une quinzaine d’années contre la destruction effrénée des forêts primaires de cet Etat, et contre la corruption massive du pouvoir local qui en découle. Toutefois, la sévérité de la justice malaisienne s’expliquerait davantage aujourd’hui par le scandale 1MDB. Fondé en 2009 par le premier ministre Najib Razak, 1MDB (One Malaysia Development Berhad) était un pseudo-fonds souverain qui a englouti autour de 10 milliards d’euros en extravagances diverses (yachts, bijoux, toiles de maîtres et projets calamiteux…). Qualifié par le département de la justice américaine comme le « plus gros cas de kleptocratie jamais vu », le scandale fut exposé au grand jour par la journaliste et finit par faire tomber le gouvernement en 2018. En 2022, Najib Razak a été définitivement condamné à douze ans de prison, une peine réduite ensuite de moitié par le roi de Malaisie, mais il doit encore répondre de nombreuses charges. « Abus de pouvoir » Clare Rewcastle Brown s’attendait à des mesures de rétorsion. Récemment, elle a été menacée de poursuites par les avocats de l’ancien premier ministre emprisonné, à la suite de son intervention dans un film diffusé par Netflix, Man on the Run, consacré à la cheville ouvrière de ce scandale, Jho Low, un fugitif recherché par Interpol, mais que la rumeur situe parfois à Macao, dans les salles de jeux les plus selects. Lire aussi (2020) | Article réservé à nos abonnés Douze ans de prison pour le « kleptocrate » Najib Razak, un haut fait démocratique en Malaisie Ajouter à vos sélections La condamnation récente de la journaliste est, elle, liée à une erreur qui s’était glissée à la page 3 du prologue de son enquête sur le scandale 1MDB, publiée en 2018. La première version du livre indiquait en effet que le fameux Jho Low était ami avec « la femme du sultan » au lieu de « la sœur du sultan ». A peine repérée, l’erreur avait immédiatement été admise et corrigée, des excuses furent présentées, et, bien qu’il y ait eu une tentative de poursuites, la justice avait clos le dossier. « Ressortir, des années plus tard, un dossier qui était clos, alors que la plainte d’origine avait été déboutée et sans aucun nouvel élément, est bien un signe d’abus de pouvoir », estime Clare Rewcastle Brown. Il vous reste 38.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Author : News7
Publish date : 2024-05-14 16:36:16
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