L’état-major sud-coréen (JCS) a signalé, mardi 11 juin, un nouvel épisode de tension avec Pyongyang. « Des soldats nord-coréens travaillant à l’intérieur de la DMZ sur le front central ont brièvement franchi la ligne de démarcation militaire », a déclaré le JCS dans un communiqué, en faisant référence à la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Etats ennemis depuis 1953. « Après que notre armée a diffusé des messages d’avertissement et effectué des tirs de sommation, ils se sont repliés vers le Nord », a-t-il poursuivi. « Hormis la retraite immédiate des soldats nord-coréens après nos tirs d’avertissement, aucun mouvement inhabituel n’a été observé », a ajouté le JCS. Les côtés nord-coréen et sud-coréen de la DMZ, large de 4 km, sont lourdement fortifiés mais la ligne de démarcation elle-même, située au milieu de la zone, n’est matérialisée que par de simples panneaux. Des accrochages entre soldats des deux camps qui y patrouillent y éclatent de temps en temps. Selon le porte-parole du JCS, il s’agissait vraisemblablement d’une incursion accidentelle. « La situation ce jour-là était que la DMZ était envahie par la végétation et que le signalement de la ligne de démarcation militaire n’était pas clairement visible », a-t-il expliqué à la presse. Les soldats nord-coréens « se déplaçaient à travers les buissons, et nous les observions avant même qu’ils ne s’approchent de la ligne de démarcation », a-t-il poursuivi. « Nous pensons qu’ils n’avaient pas l’intention d’envahir, étant donné qu’ils se sont immédiatement repliés vers le Nord après les messages et les tirs d’avertissement ». Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pour la Corée du Nord, les Sud-Coréens ne sont plus des « compatriotes » mais des « ennemis » Ajouter à vos sélections Une guerre de ballons L’incident de dimanche est survenu alors que les relations entre le Nord et le Sud traversent une période parmi les plus tendues depuis des années. Les deux pays restent techniquement en guerre, le conflit qui les a opposés de 1950 à 1953 s’étant terminé par un armistice et non un traité de paix. Pyongyang a envoyé ces dernières semaines vers la Corée du Sud des centaines de ballons lestés d’immondices telles que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu’à des excréments d’animaux. Le régime nord-coréen entend riposter à l’envoi vers le Nord par des associations de transfuges, également par ballon, de tracts hostiles au dirigeant Kim Jong-un et à sa famille, de billets de banque américains et de clés USB contenant de la k-pop et des séries sud-coréennes. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Entre les deux Corées, la guerre des ballons est relancée Ajouter à vos sélections Séoul ne peut légalement empêcher ces envois. En 2020, le Parlement sud-coréen avait adopté une loi interdisant d’envoyer des tracts de propagande vers le Nord. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé le texte l’an dernier, jugeant qu’il violait la liberté d’expression. Début juin, le gouvernement sud-coréen a totalement suspendu un accord militaire conclu en 2018 pour réduire les tensions et a recommencé à émettre de la propagande par haut-parleur le long de la frontière, en représailles aux ballons d’ordures. La Corée du Nord − qui avait pour sa part déjà jeté l’accord de 2018 aux oubliettes l’an dernier − a mis en garde Séoul contre « une nouvelle crise ». Le Nord installe des haut-parleurs Selon l’armée sud-coréenne, le Nord est actuellement en train d’installer lui aussi des haut-parleurs de son côté de la frontière, laissant présager d’intenses duels de propagande hurlante. Ces duels sonores étaient fréquents depuis les années 1960, mais avaient été suspendus en 2018 à l’occasion d’un réchauffement des relations. Le Monde Application La Matinale du Monde Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer Télécharger l’application La décision d’abandonner l’accord de 2018 et de rebrancher les haut-parleurs pourrait être lourde de conséquences, si l’on en croit les précédents. Se plaignant de l’envoi de tracts de propagande contre son régime depuis le Sud, la Corée du Nord avait en 2020 coupé tous les liens officiels de communication militaire et politique avec son voisin, et démoli à l’explosif un bureau de liaison intercoréen situé de son côté de la frontière. Le Nord a également menacé dans le passé de tirer au canon sur les haut-parleurs sud-coréens s’ils n’étaient pas éteints. L’abandon de l’accord de 2018 signifie également que l’armée sud-coréenne peut reprendre les exercices à munitions réelles près de la frontière. Cet accord était le fruit d’un rapprochement intercoréen promu par le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in, qui avait rencontré Kim Jong-un à plusieurs reprises. Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Entre les deux Corées, l’année 2024 s’ouvre sous haute tension Ajouter à vos sélections Le Monde avec AFP Réutiliser ce contenu
Author : News7
Publish date : 2024-06-11 05:43:28
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