Ils seraient relativement peu, dans cette région du continent asiatique, à prier quotidiennement – ou à dire consacrer une place importante à la religion dans leur vie. C’est l’un des constats posés par le dernier rapport de l’institut de sondage américain Pew Research Center, publié ce lundi 17 juin. À l’issue d’une enquête conduite auprès de 10 000 adultes d’Asie de l’Est (1) – vivant à Hong Kong, au Japon, en Corée du Sud, à Taiwan, ainsi qu’au Vietnam voisin –, le document établit en effet que le taux de « désaffiliation religieuse » de ces populations figurerait bien parmi les plus hauts au monde.L’institut propose notamment, dans son étude, un tableau comparatif avec d’autres pays dans lesquels il avait conduit des sondages similaires entre 2008 et 2023. D’après celui-ci, 37 % de Hongkongais et 35 % de Sud-Coréens ayant été élevés dans une tradition religieuse ne se reconnaissent aujourd’hui plus dans une religion – contre 30 % de Norvégiens, 20 % d’Américains, 13 % de Français, 5 % de Brésiliens ou encore… 0 % d’Indiens, de Turcs, de Nigérians ou d’Indonésiens.Rituels pour les ancêtresMais l’enquête souligne, par ailleurs, la prégnance des croyances ancestrales et des rituels traditionnels au sein de ces sociétés. Plusieurs chiffres viennent étayer cette affirmation. « Un grand nombre d’adultes de cette région – cela varie de 27 % à Taïwan, à 61 % à Hong Kong – se présentent comme sans religion », insistent en ce sens les auteurs du rapport, avant de souligner que, dans les rangs de ces « nones », « la moitié ou plus font des offrandes à leurs ancêtres décédés ; au moins quatre sur dix croient en des dieux ou des êtres invisibles ; et un quart ou plus estiment que les montagnes, les rivières ou les arbres possèdent des esprits ». L’animisme y est ainsi encore relativement répandu.Au Japon, 70 % de l’échantillon sondé déclare avoir « offert de la nourriture, de l’eau ou des boissons pour honorer ou soigner leurs ancêtres au cours de l’année passée ». Une proportion qui atteint, pour ce même rituel, 86 % au Vietnam. Parmi les autres données notables mises en lumière par le rapport figure celle que 30 % des adultes hongkongais affirment « prier ou présenter leurs respects » à Guanyin – une divinité bouddhique associée à la compassion –, là où 46 % de Taïwanais disent en faire de même avec la figure de Bouddha.Un « défi complexe »« En définitive, si l’on mesure la religion dans ces sociétés par ce que les gens croient et font, plutôt que par le fait qu’ils disent avoir une religion, la région est beaucoup plus dynamique sur le plan religieux qu’elle n’y paraît à première vue », analysent en ce sens les auteurs du rapport, invitant donc à avoir une vision plus « nuancée » des réalités locales au-delà des constats chiffrés de l’étude.Identifient-ils d’autres facteurs explicatifs à ce fort décalage, entre paroles et actes ? « Recueillir des données sur les religions en Asie de l’Est est un défi complexe, concèdent-ils. Le concept même de religion, importé dans la région par des universitaires il y a près de cent ans ainsi que sa traduction courante (zongjiao en chinois ; shukyo en japonais, jonggyo en coréen), est souvent compris comme une référence à des formes organisées, hiérarchisées de religions – à l’instar du christianisme, et non des spiritualités asiatiques dans leurs formes traditionnelles. »(1) Par téléphone, entre juin et septembre 2023, sauf au Vietnam où les entretiens se sont tenus physiquement.
Author : News7
Publish date : 2024-06-17 14:05:49
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