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Le 9 juin dernier, Emmanuel Macron pensait prendre la gauche comme la droite par surprise. La dissolution devait en effet lui permettre d’exposer les divisions de chaque camp politique. À gauche, il tablait sur l’incapacité des membres de la NUPES à travailler ensemble et à s’accorder sur une alliance en vue des élections législatives.
Las, son stratagème n’a pas fonctionné. La gauche s’est unie, donnant naissance au nouveau Front populaire, qui est arrivé en tête des élections législatives.
Ce dernier est en train d’imploser, à mesure que les dirigeant·es des principales forces politiques multiplient les invectives – en particulier entre le PS & LFI.
Le nouveau Front populaire ne leur appartient pas. Sans la société civile, il n’aurait jamais vu le jour. C’est sous pression de la rue que, dès le 9 au soir, se sont réuni·es les représentant·es des principales forces de gauche. Et c’est sous cette pression là qu’elles et ils ont annoncé l’union, avant même de l’avoir réellement conclue : il leur fallait se montrer à la hauteur de l’enjeu.
Une fois annoncée, la gauche était donc contrainte de faire vivre cette union : le premier parti à sortir du cadre commun savait qu’il en paierait un prix quasi insurmontable.
L’union de la gauche nous appartient donc, à tou·tes celles et ceux qui participent aux mobilisations, s’inscrivent dans le mouvement social, sont syndiqué·es, adhèrent à telle ou telle organisation de la société civile. À dire vrai, si les négociations avaient eu lieu au siège du PS, à Ivry (à une bonne dizaine de kilomètres de la place de la République, où s’était réunie la société civile dès le 9 au soir) nous n’aurions peut-être pas de NFP : c’est la proximité immédiate entre la place de la République et le siège des Verts qui a permis aux manifestant·es de venir si rapidement devant le siège des écolos.
L’anecdote en dit long sur la paternité/maternité de cette union.
Elle est désormais mise à mal, nombre de responsables politiques se livrant au jeu mortifère des petites phrases, des punchlines et des tweets stupides.
Faire vivre un rassemblement allant de François Hollande à Philippe Poutou n’est pas chose aisée, a fortiori depuis des partis politiques très hiérarchiques, au final peu collectifs et, pour certains, nettement marqués par la culture du chef. Ce qui l’a rendu possible au cours des trois semaines de campagne, ce qui lui a permis de déjouer tous les pronostics, faisant du NFP la première force politique du pays, c’est la mobilisation de tou·tes celles et ceux qui se sont mobilisé·es au cours de la campagne – encarté·es, certes, mais aussi et surtout non-encarté·es. Ces dernièr·es ont su dépasser leur réticence, face à une sphère politique qui déçoit trop souvent, pour faire pleinement campagne, multipliant les initiatives, le porte-à-porte, les tractages et autres actions pour appeler à voter en faveur du nouveau Front populaire.
Bien plus que la saga de la « purge », que celle des négociations de dernière minute pour donner telle circonscription à telle ancien Président de la République, que l’histoire des colères de tel candidat aux Européennes ou de telle figure de la gauche de la gauche : c’est là que s’est jouée la courte histoire du nouveau Front populaire. Et c’est là que se jouera sa pérennité.
La société civile offre de nombreux contre-exemples aux guerres picrocholines dont la gauche est coutumière, à commencer par l’expérience de l’Alliance écologique et sociale, ou encore celle de l’intersyndicale qui a permis de construire la vaste mobilisation contre la réforme des retraites.
Peut-être devons-nous alors ici jouer à nouveau pleinement notre rôle et rappeler que le NFP est à nous, qu’il nous appartient. Plutôt que de discuter du profil du premier ou de la première ministre (issu·e ou non de la société civile) nous pourrions sans doute imaginer une forme de négociation supervisée et encadrée par des responsables associatifs et syndicaux. Il ne s’agirait pas de négocier des places pour tel ou tel cadre d’ONG, de syndicat ou d’association, mais de jouer pleinement notre rôle : nous assurer que les dirigeant·es politiques ne retombent pas dans leurs travers & permettre l’émergence d’un gouvernement du NFP. Concrètement, cela pourrait prendre la forme d’un panel de responsables de la société civile, qui organiserait, animerait et guiderait les négociations au sein du NFP.
D’autant que si ce dernier doit effectivement gouverner, et mettre en œuvre le programme du NFP, il aura grandement besoin du soutien de l’ensemble du tissu associatif et syndical. Le spectacle auquel se livrent certain·es de nos élu·es nous en éloigne chaque jour un peu plus…
Bien sûr, la tâche n’est pas aisée : l’union s’est construite dans un moment d’intensité extrême. Nous étions collectivement pris par la peur de voir le Rassemblement national accéder au pouvoir, et chacun·e s’est mobilisé pleinement, pendant la courte campagne. Nous entrons dans une phase différente, à l’évidence moins intense : celle de l’exercice du pouvoir. Mais il semble qu’un dernier coup de collier soit nécessaire, pour que puisse vivre cette belle idée d’une gauche unie, par-delà nos divergences.
Le nouveau Front populaire nous appartient, il ne tient qu’à nous de le faire vivre.
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Publish date : 2024-07-16 07:01:53
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Author : Front Populaire
Publish date : 2024-07-16 07:27:04
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