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tout ça pour une énarque proche du Parti socialiste…

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Politique

En proposant une 1ère ministre pour un hypothétique gouvernement, le NFP clôt des semaines de négociations. Mais le profil de la haute-fonctionnaire est révélateur de la modération de la coalition et de son impasse pour arracher nos revendications.

Crédits photo : C ce soir

« Promesse tenue » pour Olivier Faure, « le Nouveau Front Populaire a sa Première ministre » pour Marine Tondelier, elle saura appliquer notre programme de rupture » pour Clémence Guetté. Ce mardi soir, le ton était triomphaliste du côté de la gauche après la clôture des négociations pour s’accorder autour d’un nom de Premier ministre. Proposée par le Parti Socialiste, Lucie Castets est désormais la candidate à Matignon de la gauche institutionnelle.

Diplômée de Sciences Po, la London School of Economics et l’ENA, cette haute-fonctionnaire passée par le ministère de l’Économie et des finances est actuellement directrice des finances de la ville de Paris, dirigée par le PS, après avoir travaillé comme conseillère économique de Anne Hidalgo au sein de son cabinet [1]. Auparavant, elle s’est spécialisée sur les sujets d’évasion fiscale au sein de la cellule Tracfin du ministère de l’économie. Un parcours digne de l’élite de la classe politique, tant rejetée par les grands mouvements anti-Macron comme celui des Gilets jaunes, qui ne l’empêche pas d’être présentée par la gauche comme une candidate « de la société civile ».

En effet, ces dernières années, elle a co-fondé le collectif de fonctionnaires « Nos services publics », qui dénonce les conséquences des politiques austéritaires sur l’école, l’hôpital, l’éducation ou encore la justice, et s’est opposée aux différentes réformes des retraites. Une opposition à Macron autour de causes consensuelles qui font d’elles une candidate idéale pour permettre au NFP de clore ses négociations, en trouvant un compromis autour du plus petit dénominateur commun : une technocrate lisse, considérée comme « neutre » politiquement en dépit de ses liens avec le PS.

Vous avez dit « rupture » ? Un symbole de ce qu’est la coalition

Après des semaines de négociations, qui ont révélé la disposition de toute une partie du NFP à tendre la main à la macronie, à l’image du soutien du PS, des Écologistes et du PCF à la candidature de Laurence Tubiana, le choix final est une expression assez claire de ce qu’a à offrir la gauche institutionnelle. Si Jean-Luc Mélenchon a insisté sur son blog sur l’appartenance de Lucie Castets à la « la large famille de « la gauche de rupture » », la haute-fonctionnaire n’est pas du genre clivante.

Plus proche de l’expertise que des luttes sociales, plus habituée des ministères que des piquets de grève, la candidate du NFP ressemble en définitive beaucoup aux différent·es ministres « de gauche » qui ont été au pouvoir en France, et dont les promesses de campagne ont fini par se plier aux impératifs des institutions et des classes dominantes. Encartée au PS entre 2008 et 2011, Lucie Castets connaît d’ailleurs bien cette gauche. Elle a ainsi été proche du courant de Pierre Moscovici, très néo-libéral ministre de l’économie sous Hollande, puis candidate aux élections régionales en 2015 sur une liste PS menée par Nicolas Meyer-Rossignol, disciple de Laurent Fabius. Sa candidature a d’ailleurs été saluée vigoureusement par Gaspard Gantzer, conseiller de François Hollande rallié au macronisme en 2017.

Son profil est ainsi à l’image de la stratégie et du programme du NFP : une formule de consensus pour réconcilier toutes ses composantes, avec un tropisme nettement marqué en direction du PS, qui poursuit son retour en force. Très loin de préparer un affrontement avec le patronat pour arracher nos revendications ou de remettre en question le système capitaliste, cette perspective politique, qui vise la reconstruction d’une nouvelle gauche de gouvernement et promet d’améliorer nos vies et de faire reculer l’extrême-droite depuis les institutions ne peut que semer des illusions et désarmer les travailleurs, la jeunesse et les classes populaires.

A nouveau sur l’impasse du NFP et l’enjeu d’une autre politique contre Macron et l’extrême-droite

La candidature du NFP à Matignon s’est heurtée dès ce mardi au coup de force anti-démocratique annoncé par Macron depuis sa « lettre aux Français ». Refusant de reconnaître le résultat des législatives et de permettre à la gauche de tenter de former un gouvernement, le Président a balayé la candidature de Lucie Castets expliquant que le sujet n’était « pas de donner un nom » mais de trouver une « majorité » sur la base d’une coalition qui s’inscrive dans la continuité du « front républicain » aux législatives.

De son côté, Lucie Castets a expliqué son refus net de toute « coalition avec le camp présidentiel » ce mercredi sur France Inter. Cependant, la candidate à Matignon souligne déjà que l’avenir de la gauche, si elle arrivait au pouvoir, sera faite de « compromis ». « Le programme du Nouveau Front populaire est notre base. Ensuite, nous savons que c’est compliqué puisque nous n’avons pas de majorité absolue, donc l’idée c’est de convaincre texte après texte, loi après loi, on va aller chercher des coalitions. » a-t-elle expliqué. De quoi illustrer l’impasse de la coalition qui, en s’inscrivant dans le respect des institutions de la Vème République, compte travailler avec des partis de la bourgeoisie, à commencer par la macronie et LR.

Une politique qui va dans le sens inverse de préparer notre classe à affronter une situation de crise profonde, où la pression à l’austérité se renforce, le spectre de la guerre entre puissances est de retour, et le gouvernement compte bien trouver le moyen de poursuivre ses politiques anti-ouvrières, racistes et autoritaires en alliance avec la droite. Dans ce cadre, face à un patronat français radicalisé et alors que l’extrême droite se renforce, il n’y a pas d’autre issue que de préparer le monde du travail à repartir au combat. À rebours des faux raccourcis institutionnels, c’est par les méthodes du mouvement ouvrier, sur le terrain de la lutte de classes, que nous pourrons arracher nos revendications, batailler contre l’influence de l’extrême-droite sur des secteurs toujours plus large de la population et commencer à construire une stratégie pour en finir avec le système capitaliste en crise et ses institutions pourrissantes.

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Publish date : 2024-07-24 16:07:30

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Author : Front Populaire

Publish date : 2024-07-26 15:52:21

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